Mélissa Didier
"Á Vol d'Oiseau"
04/10/204 10/11/2024
Dans le cadre des 10 ans des ateliers d’artiste de la ville de Besançon, l’association AVE investira les tours bastionnées de Chamars et des Cordeliers avec une exposition collective qui donnera à voir des oeuvres d’Ivan Carozza, Ivan Chavaroche, Eli Cumin, Robin Davourie, Mélissa Didier, Mélissa Franchini, Marie Follea, Carolina Fonseca, Anne-Claire Jullien, Céline Notheaux, Lucie Pégeot, Superbivouak, Paul Tiberghien.
Tour des Cordeliers
Les tours bastionnées des Cordelliers et de Chamars ont été achevées en 1691 sous la
conduite de Vauban et faisaient partie d'un réseau plus vaste de fortifications. Les anciennes casemates à canon - chambres voûtées à l'épreuve de la bombe abritent pendant quelques semaines un ensemble d'œuvres des artistes des Ateliers Vauban pour leur 10 ans - hommage alors?
Les artistes réunis par la contingence, ont cherché comment se confronter à ce bâti épais, dur, résistant, à sa réalité de contrôle, à sa vocation de domination. Les deux espaces presque identiques de formes pentagonales nous invitent dans un autre espace-temps, où il est question de boulet de canon, de mécanique de projectile, de messages à caractère urgent qui parcourent l'espace à dos de pigeon ou à coup d'onde satellitaire en chantilly. " Je vous souhaite tous mes vœux de bonheur pour.... " mais un fantassin de mort fait résonner ses armes dans la pierraille, les mâchoires d'acier croquent tout ce qui passe, les animaux se cachent sous la suie de l'incendie, dans les plis de larmes de nos mouchoirs, certains, proches sont partis avaler par les creux du canapé. Le souvenir bucolique de la berge se fond avec tout les autres et l'on reconnaît vaguement un visage, puis un autre. Un pigeon nous observe. De loin en loin, le sifflement d'alarme de la volière nous incite à quitter les lieux, l'eau monte, la nuit tombe. 620 mètres à vol d'oiseau, parcourir cet espace et d'une tour à l'autre traverser un ancien champ de mars, voir les attaches métalliques le long du parapet, reliques des foires agricoles avant Micropolis, un jardin d'agrément, le jet d'eau majestueux décoré - d'une pierre - une promenade en enfilade entre des centaines de platanes, de places de stationnement, de pierres de Chailluz des bâtiments de notre État.
Tour Chamars
Atterrir au bout du tunnel dans cette presque même forme pentagonale, Ambiance de niveaux deux nous dit la bande sonore. Ici la lumière est moins sombre comme par enchantement, l'on découvre le ventre de terre moelleux d'où émergent les êtres de suie. Le souvenir calcifié du liseron se fige en cuivre et sous le vert de gris à venir. Un jeu s'installe entre les ruines de la déconstruction et les rebuts de la construction. L'antenne qui nous relit à l'autre tour vibre et clignote.
Ici nous sommes du bon côté du miroir apparemment. Nous pouvons voir le mouvement secret des limaces, surprendre le pigeon dans son nid de formulaire Cerfa, lire les messages ourobouros que les vers de terre nous laissent au point de la mort, Une lumière, même artificielle brille à travers le prompteur. Nos bras de concerts pourraient dans un même mouvement balancé creuser un lit pour ces cyclamens, agiter nos mouchoirs banderoles pour que nos emblèmes secrets intimes et imaginaires vivent.
Texte de Céline Notheaux
Photographies Nicolas Waltefaugle




titre, 2024
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écouter les vers, 2024